Questions à Daniella, 23 ans, bénévole pour la santé mentale en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, le Programme National de Santé Mentale a initié « les Ambassadeurs pour la santé mentale » où des jeunes volontaires formés à la prévention sensibilisent leurs pairs sur une notion encore mal perçue ou connue.
Rencontre avec Daniella, étudiante, bénévole lucide mais passionnée.

Ut Fortis : Pourquoi avoir voulu t’engager bénévolement dans la prévention pour la santé mentale ?

Daniella : Parce que j’ai vécu certaine situation qui ont dégradé ma santé mentale, ce qui a beaucoup joué sur moi et m’a laissé des séquelles. J’ai donc décidé de m’engager et d’aider les autres à pouvoir se sortir de tout mal être.


U.F. : Depuis combien de temps es-tu bénévole ?

D. : Je suis bénévole depuis 2019 mais mon engagement véritable à commencé depuis 2021.


U.F. : Quelle a été la réaction de tes proches ?

D. : Ils l’ont bien pris et m’encouragent même si par moment ils se plaignent.

« La peur d’être jugé par les autres rend le sujet tabou. »

U.F. : Penses-tu qu’il y a un tabou sur le sujet ? Si oui, pourquoi ?

D. : Oui. Parce que les gens ne sont pas éduqués sur ce problème, surtout en Afrique où on considère la souffrance comme ce qui est normal, on pense qu’en parler fait de toi une personne faible. La peur d’être jugé par les autres rend le sujet tabou.

U.F. : As-tu constaté une différence entre ce que pensent les personnes de ta génération et d’autres générations avant et après ?

D. : Oui un peu,. parce qu’il y a des gens de ma génération qui ne font pas de ce sujet un tabou. Par contre, certains trouvent que tout ça, c’est le langage des faibles, des pauvres.
Les autres générations après moi sont plutôt conscientes de l’importance d’avoir une santé mentale au top.
Avant, moi aussi j’étais à l’image de ma génération. Je pense que ces divergences d’opinions ne sont que le reflet de nos différences de cultures.

U.F. : Dans quel domaine professionnel évolues-tu et as-tu été confronté à la question de la santé mentale sur ce terrain ?

D. : J’évolue dans le domaine de la psychologie, précisément de la psychologie du travail et des organisations. Oui, j’ai été confronté a la question de la santé mentale à cause de l’atmosphère estudiantine difficile à laquelle nous devons faire face chaque jour.

U.F. : Ton engagement pour la santé mentale a-t-il eu des répercussions sur ton quotidien ou pas vraiment ?

D. : Oui et des répercussions positives, puisque cela m’a permis d’en apprendre plus dans mon domaine. J’ai appris également à surmonter mes peines, à vivre avec, et à inculquer cela d’une manière ou d’une autre à mon entourage.

U.F. : Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait s’engager pour la cause de la santé mentale ?

D. : Je dirai à cette personne de se lancer avec beaucoup de bonne volonté car cette cause demande de la patience et de l’amour pour autrui, de se préparer à vivre bien de choses… C’est passionnant !

Art et patrimoine au service de la prévention du suicide.

Nous avons demandé à Daniella si des œuvres artistiques avaient pu l’aider à aller mieux dans les périodes de doute. Voici sa réponse :

« J’écris des textes. Quand l’inspiration vient, j’écris. Quand j’ai commencé à arrêter de le faire, j’ai su que je n’allais pas bien.
Je suis en stage actuellement à la coordination du PNSM Côte d’Ivoire, et à ma pause, j’ai écris le poème qui suit. »

Jeunesse Espoir !

Aujourd’hui est une nouvelle chance pour toi
Les rêves qui dansent dans nos yeux étoilés
Sont les étoiles qui guident nos pas,
notre destin tracé
on brise les chaînes de l’incertitude, on s’élance
dans cette course effrénée
vers l’excellence.

La jeunesse est l’espoir, notre plus belle évidence
Les défis sont nombreux, mais
notre audace infinie
Face aux vents contraires, on reste unis
Soudés à l’infini
On crie au monde entier
notre voix, notre cri
La jeunesse est l’avenir,
notre précieuse symphonie.

On bâtit des ponts, on brise les murs,
l’avenir entre nos mains, un trésor est fur*,
Jeunesse espoir, notre flamme est sûre
Dans ce monde en perpétuelle aventure
A l’aube de nos vies, dans nos cœurs
L’audace, l’envie
Des horizons à conquérir
Nous sommes la lumière,
le futur c’est ici.


Lagriotte

*fur : mesure

Pourquoi sensibiliser ?

– Parce que la crise suicidaire peut être surmontée mais il faut demander de l’aide car elle peut être trop intense. Avez-vous pensé au plan de sécurité (élaboré par des soignants et mis à disposition) ? Lien

– Parce qu’avoir connu un proche qui s’est suicidé est perturbant et peut nous fragiliser, surtout si on traverse une période délicate (familialeprofessionnelle, économique, de santé). Avez-vous pensé à en parler ?
Lien pour le guide de gestion d’excès de stress en 8 langues de l’OMS / Lien ressources écoutes.

Une réflexion au sujet de « Questions à Daniella, 23 ans, bénévole pour la santé mentale en Côte d’Ivoire »

  1. S’occupent de la santé mentale , ce n’est pas un métier, mais une vocation parce que ce n’est pas facile.
    beaucoup de courage à cette brave dame.

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