Survivance, transmission et prévention

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Le saviez-vous ?
Le 18 novembre est la Journée consacrée aux proches de suicidés aux Etats-Unis depuis 1999.

La Journée des survivants du suicide a été désignée par le Congrès des États-Unis comme un jour où les amis et la famille de ceux qui sont morts par suicide peuvent se rassembler pour la guérison et le soutien. 

D’autres pays la célèbrent aujourd’hui.

L’attention accordée aux proches de suicidés en dehors de la période du deuil traumatique et du tabou est souvent plus discrète. Et pourtant, ces proches sont aussi appelés survivants, car la perte par suicide de personnes aimées peut être perturbante.

Dans le cadre d’une mémoire collective partagée, qu’en serait-il de de figures historiques réelles qui ont marqué la grande histoire, qui se sont suicidées, et auxquelles nous pouvons marquer un attachement (positif ou négatif) particulier ? Cette perspective, si elle est prise en compte, peut révéler un autre champ de survivance à plus grande échelle. Hors d’un fantasme nuisible, les faits historiques relayés par les chercheurs habilités qui y ont consacré des années de leurs vies sont bien là pour nous aider à une considération sans biais.

Grande Histoire et suicide. Louis Delgrès en 1802.

Plaque commémorative au Panthéon de Paris, timbre à son effigie et bustes en bronze du sculpteur Didier Audrat sur les recommandations de l’historien guadeloupéen René Bélénus, disposés dans certaines mairies de Guadeloupe, Louis Delgrès (1766 – 1802) est devenu un symbole.

Originaire de la Martinique, métisse né libre, éduqué, fils de militaire, officier de l’armée et révolutionnaire, entre la France, les Caraïbes, face aux Britanniques, puis pris dans la guerre dans son propre camp, l’officier militaire Louis Delgrès a marqué les époques.
Sa fin tragique en Guadeloupe, où il se fait exploser avec l’ensemble de sa garnison (300 hommes sans distinction de couleurs) pour témoigner « vivre libres ou mourir », reste un épisode traumatique de l’histoire universelle.

La déclaration écrite par l’adjudant Monnereau et signée par Delgrès, précédant le suicide de la garnison, est connue jusqu’à nos jours. Intitulée « A l’Univers entier, le dernier cri de l’innocence et du désespoir ».

Extrait. « C’est dans les plus beaux jours d’un siècle à jamais célèbre par le triomphe des lumières et de la philosophie qu’une classe d’infortunés qu’on veut anéantir se voit obligée de lever la voix vers la postérité, pour lui faire connaître lorsqu’elle aura disparu, son innocence et ses malheurs
Victime de quelques individus altérés de sang, qui ont osé tromper le gouvernement français, une foule de citoyens toujours fidèles à la patrie, se voit enveloppée dans une proscription méditée par l’auteur de tous ses maux…

À ce style, nous avons reconnu l’influence du contre-amiral Lacrosse, qui nous a juré une haine éternelle…»

Ce suicide collectif qui eut lieu le 28 mai 1802 se rappelle à nos mémoires jusqu’au 21ème siècle. En témoignent les rapports, oeuvres et monuments bien sûr, mais aussi les nombreux blogs et articles sur l’Internet.

Le texte signé par Louis Delgrès est une lettre de suicide. Témoignage d’humains acculés. Avec tout ce que cela implique.
Un drame, qui affecta les îles concernées dans l’immédiateté mais aussi dans le long terme, qui toucha dans le monde entier tous ceux qui ont été profondément marqué par cet événement historique tragique. « Survivants ». Une perspective serait-elle à considérer dans un cadre qui ne serait pas qu’individuel ?

Descendants, amis ou proches de suicidés, dans tous les cas, la douleur intime semble être présente et à prendre en compte parfois aussi sur le long terme.

Photo bannière : afsp.org / Visuel de la Journée internationale des survivants du suicide.


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