JNPS 2024 / Focus : Lien social, autisme et prévention du suicide.

En France, le mois de février marque les Journées Nationales de Prévention du Suicide organisées par l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide. En 2024, le thème de ces journées est « LIEN SOCIAL ET PRÉVENTION PARTAGÉE : COMPRENDRE, ENTRETENIR, RECRÉER ». De nombreuses activités liées à cet événement.

Sur cette thématique, focus ci-dessous, sur le trouble autistique et une perspective du lien social souvent peu comprise par le plus grand nombre.

C’est quoi l’autisme ?

Un terme répandu mais peu compris, certains utilisent même le mot pour plaisanter, dénigrer ou stigmatiser !

L’autisme n’est pas une maladie, c’est un handicap dont les manifestations sont décrites sous l’intitulé de trouble du développement d’origine neurologique. L’autisme se manifeste principalement par une altération des interactions sociales et de la communication, par des intérêts restreints et répétitifs. Ces troubles peuvent provoquer un comportement inadapté dans certaines situations.

Les caractéristiques psychologiques des parents ne sont pas responsables de l’autisme de l’enfant. Ne cherchez pas un événement traumatisant ou un comportement qui aurait pu le déclencher. 

Source https://www.autismeinfoservice.fr/informer/autisme/definition#:~:text=L’autisme%20se%20manifeste%20principalement,l’%C3%A2ge%20de%203%20ans.

L’expérience du lien social est différente chez la personne dans le spectre du trouble de l’autisme. Il est urgent de découvrir et respecter cette perspective riche d’enseignement.

Pour les personnes diagnostiquées avec de l’autisme, il peut être difficile de comprendre certains codes sociaux de l’environnement. Jérôme Bruner* parle de ‘symboles sociaux en mouvement perpétuel’ pour l’autisme : les situations sociales ne sont jamais tout à fait identiques.

Si vous n’êtes pas autiste, pour essayer de comprendre, imaginez-vous dans un monde dont les règles se recomposent simultanément constamment, chaque jour différentes. Un chaos ?

Bien souvent l’autiste doit se suradapter ou faire semblant d’ignorer ou encore de cacher son hypersensorialité (hyper-réactivité d’un ou plusieurs sens) avec toutes les conséquences que cela implique. Souvent, il est moqué, rejeté ou jugé « robot », « fou », « lent » ou « stupide ». Parfois il finit par le croire.

Chaque cas a ses particularismes.
A titre d’exemple : Paul.
L’enfant Paul a été diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique.

Son témoignage quand on lui dit « tu dois saluer pour être poli » ; voilà comment il vit cette consigne :
Faut-il faire un geste de la main, ou la tendre ? Si contact avec la main, quelle pression des doigts ? Si avec la joue, pour une bise ? Dans ce cas, tendre la joue ou initier la bise ? Dire plutôt juste un mot ? Pourquoi un salut et pas un autre ? Sur quel ton ? Capter le regard, regarder dans les yeux ? Ou non ? A quelle distance se situer physiquement ? Et si j’opte pour un type de salut, comment savoir comment répondra l’autre (chaque individu ne réagit pas de la même manière), et comment réagir ensuite ? Autant de réactions, autant de possibilités ou de scénarios de réponses….

Faut-il donc s’étonner que Paul, au bout d’un moment ne dise plus bonjour ou à peine, préfère faire ses affaires seul, au risque de s’attirer les foudres de son entourage qui le juge « associal » ?
Paul aurait beaucoup à apprendre à ses proches sur le sens de l’analyse, et son entourage pourrait le guider dans une société en perpétuel mouvement…

Mais si la majorité des gens en sait si peu sur l’autisme, il faut aussi se rappeler que ce n’est que très tardivement, en 1943 seulement, que fut publiée la première description scientifique de l’autisme par le pédopsychiatre Leo Kanner.
En savoir plus https://fno.fr/wp-content/uploads/2018/09/265_1-ro-autisme.pdf

Autisme et risque suicidaire

—« Les chiffres concernant le risque de suicide chez les personnes autistes varient dans une proportion très importante selon les études. Cependant, toutes semblent pointer le fait que le risque de suicide est plus élevé chez les personnes autistes. Une étude suédoise de 2015 intitulée National Patient Registry montre que le risque de suicide chez les personnes autistes est 10 fois plus élevé que dans la population générale.

Une étude intitulée Suicidal ideation and suicide plans or attempts in adults with Asperger’s syndrome attending a specialist diagnostic clinic: a clinical cohort study parue en 2014 montre que deux personnes autistes sur trois ont déclaré avoir eu l’envie de se suicider dans leur vie.

Source https://comprendrelautisme.com/le-risque-de-suicide-chez-les-personnes-autistes

S’enrichir des interactions. Le saviez-vous ?

Du fait de leur besoin de prédictibilité, de leur difficulté à pouvoir constamment s’adapter et à penser de manière subjective (faire un choix), les personnes dans le spectre de l’autisme sont très respectueuses des règles, de leurs devoirs et font preuve d’objectivité et d’une pensée très logique. Ces personnes peuvent, en outre, être très méticuleuses, perfectionnistes dans ce qu’elles entreprennent, méthodiques et persévérantes, quelque soit leur niveau d’autonomie ou intellectuel.

(Source https://www.participate-autisme.be/go/fr/comprendre-l-autisme/vivre-avec-autisme/des-points-forts.cfm)

L’autisme n’est pas une malédiction ou un « caractère ».

Dans un monde où tout va souvent très vite, jusqu’à l’oubli de soi, toute personne capable de prendre de la distance, du temps, du soin à l’analyse et aux détails, est précieuse. Il est important de s’assurer qu’elle puisse le faire dans une société qui la respecte.

Poème de Valérie Jessica Laporte, autiste, rédigé à l’âge de 12 ans.

Source https://bleuetatypique.com/2020/11/29/regard-dune-enfant-de-douze-ans-sur-sa-difference/

Tu n’es que rejet,
Les enfants sont comme ça,
Tu es différent,
Ils ne te veulent pas.

À leur âge, déjà
Diras-tu,
Envers moi, pourquoi,
Le sais-tu ?

Tu n’es pas comme eux,
Ce n’est pas de ta faute,
Ils te croient dangereux,
Ils t’isolent par peur.

Ne te comprenant pas,
Différent que tu es,
Ils te laisseront là,
Curieux, inquiets.

Ils ont peur de te connaitre,
Toi, le point de mire,
Voulant bien paraitre,
Ils te font souffrir.

Sarcasmes et ironies,
Se succèdent et s’enchainent,
Ne laissant qu’à ta vie,
Un enfant qui n’est plus le même.

Tu n’es plus toi,
Tu as changé,
De peur que jamais ils ne t’aiment,
Un masque, tu as adopté.

Tu t’es retiré,
Derrière une image,
Fausse personnalité,
Ce n’est plus toi.

Moi je t’aimais avant,
Tu as pourtant changé,
Tu n’es plus l’enfant,
Capable de s’amuser.

Avec qui et pourquoi,
D’ailleurs le ferais-tu ?
Tu sais aussi bien que moi,
Que l’enfant en toi s’est tu.

Pourtant un jour,
Tu deviendras roi,
C’est le royaume de mon cœur,
Que tu possèderas.

Références

L’autisme et l’interaction sociale – Comprendre le comportement social https://www.participate-autisme.be/go/fr/comprendre-l-autisme/qu-est-ce-que-l-autisme/autisme-de-linterieur/l-autisme-et-l-interaction-sociale.cfm#:~:text=Les%20personnes%20qui%20ont%20de,les%20jeunes%20enfants%20avec%20autisme.

Journées Nationales pour la Prévention du Suicide sur le site de l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide France
https://www.unps.fr/jnps-2024-lien-social-et-prevention-partagee-comprendre-entretenir-recreer-_r_126.html